Jimbere

Kirundi French English
Transport

Transport des motos et tricycles : vers l’allègement des restrictions

Depuis l’entrée en vigueur de la mesure interdisant la circulation des motos, vélos et tuk tuk dans certaines zones de la Mairie de Bujumbura, le quotidien des conducteurs de ces engins est mis à rude épreuve. Les citadins, contraints de se déplacer ou de déplacer leurs biens par d’autres moyens de transport, s’adaptent difficilement. Le Maire de la ville de Bujumbura promet d’alléger la mesure.

À plus d’un km environ de la Gare du Nord, sur l’axe donnant accès à la zone interdite aux deux roues et tricycles, non loin du marché de Kamenge, les conducteurs attendent impatiemment des passagers. « Tugende boss » (Allons–y patron, ndlr) est la salutation de quelques conducteurs de motos, qui se démènent pour prendre un client. Dans cet endroit, les engins motorisés se comptent en centaines. Dans le méli-mélo total des motos, tuktuk, vélos et voitures, Paul* (nom d’emprunt), un conducteur de moto, témoigne : « Nous travaillons à perte. Le trajet, qui, avant était facturé à 1.000 Fbu, aujourd’hui, nous le faisons à 500 Fbu. Les clients se font rares. Nos recettes journalières s’amenuisent. On rentre avec moins de 10.000 Fbu/jr alors qu’auparavant la somme versée quotidiennement était évaluée entre 15.000 Fbu et 20.000 Fbu /jr ». Et d’ajouter : « Certains conducteurs ont choisi de migrer vers l’intérieur du pays.  Mais là aussi les recettes restent minimes par rapport à Bujumbura. Les gens de l’intérieur du pays ne sont pas habitués à ces moyens de transport. La plupart préfère surtout se déplacer à vélo ». Jadot Nitunga, Président de l’Association des motards taximens du Burundi (Amotabu) dresse un tableau alarmant. Il fait savoir que certains motards ont abandonné ce métier, d’autres ont même vendu leurs motos.

La vie des motards et de leurs familles ne tient qu’à un fil

Les récentes pénuries répétitives de carburant ont donné un coup de grâce aux motards. « Les zones de travail dans lesquelles nous avions été délocalisés, ne possède presque pas de stations-services. Du coup, on devait aller s’approvisionner dans les endroits où nous sommes interdits d’accès. Notre seule issue était de démonter les réservoirs des motos pour aller faire la queue devant les stations », soupire John.

Ce père de 2 enfants, natif de la province Gitega, affirme qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer.  La vie de leurs familles devient de plus en plus intenable. Leurs recettes ne couvrent plus les dépenses comme avant. La plupart ont revu à la baisse leurs charges quotidiennes et les enfants ne mangent plus à leurs faims.

Pour les citadins, les taxis-vélos, les tuk-tuks et les motos facilitaient les déplacements et à bas prix. Les taxis sont chers et les bus ne pénètrent pas suffisamment dans les quartiers. Emelyne* (nom d’emprunt), une mère commerçante, note que le déplacement des biens est devenu désormais une casse-tête : « Un simple trajet de 3 km avec un taxi te coûte plus de 8.000 Fbu alors qu’avec les tuk tuks, on payait 3.000 Fbu. Ces moyens de transport ne collent pas avec nos ressources. On est contraint de transporter nos biens sur nos têtes. »

Le bout du tunnel

En réunion avec la population de la zone Gihosha, Kamenge et Kinama, le 18/10/2022, le Maire de la ville de Bujumbura, Jimmy Hatungimana, à la demande des conducteurs des motos, tuk tuks et taxis-vélos, a indiqué que la permission d’accéder aux marchés central de Bujumbura (dit Cotebu) et Bujumbura City Market (dits chez Sion), leur sera accordé après une analyse approfondie des instances habilitées. Il en est de même pour la question d’accès aux stations-services se trouvant dans les zones interdites. Concernant l’augmentation des heures de travail pour les conducteurs des tricycles et deux roues, le Maire a précisé que cette demande sera également étudiée. Ce discours a été bien accueilli avec par les conducteurs. Ceux qui avaient participé dans cette réunion ont indiqué que ça sera un léger mieux pour les conducteurs qui tirent aujourd’hui le diable par la queue. Saluant le geste du Maire de la ville, Jadot Nitunga, Président de l’Amotabu signale qu’ils seront toujours disponibles au cas où le Maire voudra échanger avec eux sur les nouvelles conditions de travail.

Cliquez pour commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top