Ce 30 octobre, l’Association Dushirehamwe, avec l’appui technique et financier d’ONUFEMMES et Global Fund for Women, associée à l’AFAPD, le CPAJ et la RIU, a organisé une conférence-débat sur les réalisations, les progrès, les défis et perspectives autour de la résolution 1325 qui souffle cette année ses 20 bougies.
La salle de « La détente » située sur l’avenue du Large à Bujumbura accueillait à cette occasion une centaine de femmes et d’hommes, tous intervenants dans la mise en œuvre de l’agenda de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité. Rappelons que ladite résolution a reconnu, il y a 20 ans, l’importance de l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et qui a garanti la protection et la pleine participation de celles-ci aux accords de paix.
A tout seigneur tout honneur, Thérèse Ndorimana, présidente de l’Association Dushirehamwe ouvrait la conférence en saluant le dévouement de différents leaders, notamment les femmes influentes de l’administration et de la société civile, qui jouent ou ont joué un rôle remarquable dans la mise en œuvre l’agenda de la R1325. Elle a souligné que cette activité constitue une grande opportunité pour faire une rétrospective afin d’évaluer ensemble les succès mais aussi voir les défis rencontrés pour y faire face dans l’avenir.
Prenant à son tour la parole, Madame Jennet Kem, représentante d’ONUFEMME au Burundi,plus qu’influente et persuasive, va inviter l’auguste assemblée à faire marche arrière, et repenser la situation de la femme d’il y’a 20 ans. « Cette résolution a été ratifiée vers la fin des années 90, alors que l’Afrique, le Burundi en l’occurrence, était secoué par des conflits sociaux, la femme étant au centre des dommages collatéraux. Si nous sommes présents, fêtant la résolution 20 ans après, cela montre qu’un travail de dur labeur a été mené, et un pas de géant a été franchi. » soulignait la diplomate.
Néanmoins, malgré les réalisations, Madame Jennet Kem a tenu à interpeller tous les acteurs à s’impliquer sans relâche, pour que la femme joue le rôle crucial dans la prise des décisions : « Chacun a sa place, son apport dans le processus de la prévention, de la consolidation et de maintien de la paix. Projetons-nous alors dans les 20 années qui viennent. Qu’allons-nous faire ? Quelles visions ? Comment parvenir à nos fins ?». Madame Jennet Kem n’a pas oublié d’inviter les hommes à rester les bras droits des femmes car : « Sans leur soutien, nos efforts ne seraient que vains. »

Les piliers de la Résolution 1325, un pont à consolider
Partant des 4 piliers de la résolution à savoir la participation, la protection, la prévention et le relèvement communautaire, Madame Marie Goretti Ndacayisaba, Secrétaire exécutive de Dushirehamwe, a d’abord rappelé les moments forts qui ont marqué les deux décennies au Burundi. Au niveau des réalisation, elle a évoqué notamment une grande mobilisation du mouvement féminin pour la paix, la participation active et effective de la femme à la table de négociation à Arusha, la revendication collective, l’appel au dialogue entre les parties au conflit burundais, le rappel de la nécessité de la protection des civils, des femmes et des enfants, le rappel de l’impérieuse nécessité d’intégrer le quota minimal de 30% dans l’accord de paix final, le rapprochement entre les communautés divisées : femmes déplacées, rapatriées, celles qui sont restées sur les collines, les prisonniers, les victimes.
Bien plus, le collectif des associations des femmes a contribué dans le plaidoyer pour l’intégration du genre dans le cadre stratégique de consolidation de la paix, et des actions comme : la mise en place du réseau des femmes médiatrices de paix, la mobilisation des femmes à la participation politique, le renforcement des capacités des hommes sur la masculinité positive et le renforcement des espaces entre les femmes leaders grâce aux medias.
Ainsi, pour Madame Marie Goretti Ndacayisaba, la Résolution 1325 est un instrument rassembleur des femmes, et un espace fort de dialogue, de négociation avec les décideurs et institutions (communautaire, national, régional et international). Elle permet la redevabilité des décideurs et offre des opportunités aux femmes de participer dans tous les espaces communautaires, publics et politiques : « Pour le cas des femmes et filles burundaises, nous devons reconnaitre la force de cette résolution et poursuivre nos actions de plaidoyer pour assurer sa mise en application effective et concrète, pour changer la vie des burundaises ».
Défis et perspectives dans les communautés
Lors de la séance témoignages et échanges très animée par l’apport les femmes médiatrices de paix, les pionnières, les parlementaires, les membres de la société civile, les interactions ont abouti à chaque fois à une conclusion commune : « La route reste encore longue, pour accomplir notre mission de réaliser l’implication effective de la femme dans tous les domaines de la vie du pays. »
Madame Vestine Mbundagu, ancienne parlementaire et première femme gouverneur, va lancer un appel vibrant aux femmes élues dans différentes institutions les encourageant à réaliser de larges consultations auprès de leurs compagnes de la société civile lorsqu’elles doivent siéger et voter des lois engageant la femme.
Pour Madame Lucie Ndayishimiye, médiatrice de paix à Kayanza, la femme, une fois sortie de sa « cachette », est capable d’accomplir des exploits, surtout au niveau du relèvement économique : « Ce ne sont pas des exemples qui manquent. A Muhanga un groupement de 29 femmes a reçu un prêt de 1.075.500 BIF de la part des donateurs. En l’espace d’une année la somme a été rendue, et un grand bénéfice a été enregistré. Grâce à de telles initiatives, la femme retrouve sa place dans la gestion du foyer. »
L’appel à la multiplication des initiatives de développement, le plaidoyer des femmes élues dans les institutions et l’engagement effectif des femmes dans les instances de prise de décisions auront été les grands points de concordance des participants.
