L’internet est un outil d’apprentissage, de communication et de partage. Mal utilisé, il peut devenir un espace de propagation des messages de la haine. Et pour cause, des injures, du harcèlement, des menaces voire des appels aux meurtres qui y circulent peuvent conduire aux violences de masse. Comment comprendre cette cyber-humiliation, comment lutter contre… Hugues Safari, expert et coach en réseaux sociaux nous en dit plus.
Qu’est-ce que la cyber-humiliation entre différents groupes ?
On doit comprendre de cyber-humiliation tous les actes qui sont posés à l’aide du digital ou sur internet à l’endroit d’une personne ou d’un groupe de gens.
Quelles sont les différentes formes de la cyber-humiliation ?
Ça peut se faire de plusieurs moyens et de plusieurs formes. Ça peut être proférer des menaces, du chantage ou des injures à l’endroit d’une personne en se basant sur les traits physiques, sa taille, sur sa religion, ses convictions, son appartenance. Ça peut être sociale, politique ou son origine, lui rappeler qu’il vient ou qu’elle vient d’une certaine localité et qu’il ou elle fait ceci ou cela.
Est-ce que la cyber-humiliation peut conduire aux violences de masse
A chaque information, s’il n’y a pas vérification, des gens vont croire automatiquement au premier message partagé et aujourd’hui les internautes jouissent justement de cette liberté, de cette facilité à partager des messages. Au fait, on est aujourd’hui en même temps détenteur de l’information et diffuseur de l’information. La crainte est que cela finisse dans la haine, parce que si je n’ai pas le temps de vérifier et que le message est largement partagé je vais finalement haïr la personne en prenant ce qui est dit comme une vérité en finissant par croire par exemple que ce qui est dit de mauvais sur mon collègue, ma camarade est vraie juste parce que cela a été partagé par beaucoup de personnes.

Selon vous, pourquoi les auteurs de ces messages préfèrent la toile ?
Aujourd’hui avec internet et l’ère des réseaux sociaux, il y a cette liberté d’expression qui prend vraiment de l’ampleur parmi les utilisateurs. Les gens préfèrent beaucoup plus la toile parce qu’ils se disent qu’ils ne vont pas être reconnus, identifiés. Et du coup ils pensent avoir le droit de faire ce qui leur semble bon parce qu’ils ont changé le nom avec leur téléphone. Si un individu se trouve dans une localité x, il pense que les autres ne sauront jamais que c’est lui l’auteur de tel ou tel autre propos. Et aussi des gens qu’on connait bien mais qui préfèrent utiliser des pseudonymes ou d’autres noms pour proférer ces injures et ces menaces.
Quels sont les conséquences de la cyber-humiliation dans les communautés ?
On peut citer toute une liste des conséquences. Avec les messages partagés, diffusés, les gens n’ont plus le temps de vérifier si c’est vrai ou ce n’est pas vrai. Les gens ont tous tendance à partager parce que ça vient d’un groupe WhatsApp par exemple, ça vient de twitter, de Facebook et j’ai confiance en la personne qui a partagé cela et je me dis que je n’ai pas besoin d’aller chercher de midi à 14 heures, je vais croire ça.
Quelles sont les instances qui peuvent contrecarrer les effets de la cyber-humiliation dans notre société ?
La justice le peut car une loi a été votée en février 2022 contre la cybercriminalité par le parlement et promulgué par le Président de la République au mois de mars 2022. Les peines vont de 2 à 5 ans avec des amendes de 10 jusqu’à 100 millions de Fbu. Aussi, faut-il ajouter, les gens doivent comprendre que plus de 6 millions de Burundais ont un téléphone, donc nous avons une forte pénétration des nouvelles technologies de la communication et plus d’un million utilisent internet. Donc il faut savoir qu’à côté d’un grand nombre d’utilisateurs des smartphones et internet, il y a aussi une loi en vigueur parce que si une personne parvienne à prouver qu’elle a été menacée, qu’elle a subi un chantage, qu’elle a été injuriée sur internet, elle peut porter plainte et avoir gain de cause.
