Le Réseau des Centres des Personnes Handicapées du Burundi (RCPHB) a organisé, du 20 au 21 juillet 2021, grâce à l’appui de l’Ambassade de France au Burundi, un atelier d’échanges à l’endroit des femmes employées handicapées, des représentants des syndicats et organisations non gouvernementales, sur les défis de la femme en situation d’handicap dans le monde professionnel.
Il est fort probable qu’une femme en situation d’handicap tombe facilement dans la pauvreté car il y a certaines activités qu’elle ne peut plus exercer. Elle se retrouve priver de certaines opportunités d’emploi, ce qui l’entraine de plus en plus dans la lignée des pauvres. Des cas où elle est écartée d’un poste parce que jugée incapable à cause de son handicap sont légions dans le milieu professionnel.
Et pourtant, un décret-loi du 10 Janvier 2018 stipule que toute personne vivant avec un handicap a le droit de participer à la vie socio-économique du Burundi.
Aimée Blandine Bukuru, une lauréate de l’Institut Pédagogique Appliqué de Bujumbura, handicapée d’un membre inférieur, n’a pas encore décroché un emploi. Elle témoigne : « Lorsque je me suis présentée au ministère de l’Education, après une longue écoute, on m’a donné 20.000Fbu à la place du boulot alors qu’il y avait un poste vacant.»
L’article 9 du décret-loi portant la promotion et la protection des droits des personnes handicapées au Burundi stipule que :« Toute personne handicapée qui a atteint l’âge de dix-huit ans et plus a le droit de jouir et d’exercer les droits politiques et a les mêmes possibilités que tout autre citoyen sans aucune forme de discrimination. » Malgré l’existence de cette loi, la femme en situation d’handicap continue à rencontrer beaucoup de difficultés à se frayer une place dans le monde professionnel.
Quid des femmes handicapées employées
Dans l’atelier organisé par le Réseau des Centres des Personnes Handicapées du Burundi (RCPHB) de ce 20 au 21juillet 2021 au centre Akamuri de Jabe, les femmes en situation d’handicap employées dans différents secteurs de la vie du pays et les représentants des syndicats CONAPS, COSYBU et le syndicat des travailleurs de SAVONOR ont pu dégager certains des défis qu’elles rencontrent dans leur milieu professionnel.
Bernadette Ndayisenga, une sourde et à la fois comptable à la CAPAD a précisé que souvent les collègues ne comprennent pas qu’elle peut faire le travail mieux que ses collègues n’ayant pas d’handicap : « D’abord quand nous déposons nos dossiers, on nous traite d’incapables au lieu de nous juger sur nos compétences autres que le handicap. Pire, notre travail est mal coté s’il n’est pas tout simplement rejeté. »
Pour rappel, même dans les situations où la personne vivant avec un handicap physique ne peut pas opérer à cause des infrastructures, les institutions sont appelées à les y ériger. A titre d’exemple, l’installation des ascenseurs, des rampes d’accès et la disponibilisation du matériel didactique favorable aux aveugles et aux sourds.
Quelques pistes et voies de sorties
Le handicap entraine une vulnérabilité aigüe au manque de travail au fur et mesure que le taux de chômage du Burundi reste élevé. Ceci dit, la femme handicapée n’étant pas épargnée devrait bénéficier certains avantages lors de son exercice. Tel que la motivation salariale et les primes car elle fournit plus d’effort, insiste Gilbert Bizimungu, coordinateur des projets au RCPHB qui a profité de cette occasion pour signaler que le handicap ne concerne pas le physique seulement mais aussi le handicap sensoriel (aveugle et sourd) et mental.
De son côté, l’honorable Pamphile Malayika, présent lors de cet atelier, a promis une étude au parlement de toutes les recommandations y formulées pour l’amélioration de la loi sur le droit des personnes vivant avec un handicap.
